Pose sur le temps. La danse trompe la spirale. On rit du nombre enlacé par la lumière. Ici on ne pense pas : on tourne. Ciel et terre sont deux couleurs de cartes, deux maisons, on va de l’une à l’autre dans l’inversion. On ne voit pas la musique, meilleure des amantes.
#2387
la nuit là ma nuit
maintenant presque
ville d’étoiles serrées
hésitantes à terre
la colline en stèle
temple du sombre
sa patience me réalise
chiens frères seuls
#dual 45
Hors de la perfection géométrique, l’horizon existe un peu. On dit : c’est une île. Des pas en feraient le tour en une mesure de temps d’un mot : heure, journée. Nul palais, nul réseau de routes, nul montagne. Le monde y est dénombrable comme dans une chambre : ce pin, ce mur, ce puits. Du spectre des couleurs, seulement quelques lanières étroites. Les nuances s’élargissent tant pour l’œil que les mots perdent leur valeur. Chacun des personnages connait tous les autres, un drame pour chacun. La fuite est le point invisible à l’opposé de l’immense. L’histoire est dans un cercle
#2384
la beauté des cyprès
est posée sur le ciel
je pisse sur mon ombre
Minutes de la multitude #60
Portes ouvertes : le train glisse lentement sur son erre, terres gorgées d’eau, ronces, rouilles ; les portent claquent.
Au milieu de la conversation qui se joue dans une langue inconnue de moi, je suis les mouvements des mains, le rythme des phrases, les inflexions, les regards. Autre est le jeu.
À l’approche du terminus préparatifs lents gestes de vieillards précautionneux.
Hermann Broch
Et jamais le rapprochement entre la terre et la lumière n’est plus intime, jamais la terre n’est plus intimement proche de la lumière, jamais la lumière n’est plus familièrement proche de la terre que dans le crépuscule naissant des deux frontières nocturnes. La nuit sommeillait encore dans la profondeur des eaux, mais elle commençait à suinter en ondes minuscules et silencieuses ; partout sur le miroir de la mer, dont on ne pouvait discerner ni surface ni profondeur, surgissaient les ondes muettes et veloutées du fond de nuit, les ondes de la seconde immensité, de l’immensité supérieure, féconde et germinatrice, et doucement elles commençaient à recouvrir de calme tout ce qui scintillait. La lumière n’arrivait plus d’en haut, elle ne tenait plus à rien, et elle luisait encore, mais elle n’éclairait plus rien, si bien que même le paysage au-dessus duquel elle flottait paraissait ne plus avoir d’autre lumière que celle qui étrangement venait de lui-même.