Ils sont assis l’un à côté de l’autre, celui qui parle au long cours et celui qui ne le regarde pas, plié sur son ordinateur, plus âgé. De loin, je saisis ce qu’il dit, car il parle ma langue, je devine l’intrigue, les personnages, la salle de théâtre, sans plus le voir.
Après être monté et avoir choisi sa place, il a regardé dans toutes les directions en tournant sur lui-même, levant et abaissant la tête et son corps ondulant. Sur le porte-bagage il a laissé l’écharpe et s’y est repris à plusieurs fois avant de plier son pardessus jaune. Le bas de sa chemise dépassait du pull. Les paupières s’affaissaient, se relevaient. La tête tombait.
Toutes les fois où je me suis assis sans m’enfoncer, sans rencontrer les ronces, un œil, les rictus, des chaussures sales, une peau barbue et couperosée. Sommant, combien de jours? de mois? Je reste coulé dans le ballast, quelque part sur le ligne.