Il n’y avait pas de lac ici, dans le temps, c’étaient de grandes carrières de sable qu’on a comblées. On a mis de l’eau dedans, posé des barques dessus, on a gardé un peu de sable pour inventer une plage non loin de laquelle on a planté dans l’eau un mât de fort diamètre hérissé de plongeoirs, de plates-formes et d’échelles métalliques, et qui a l’air d’un derrick peint en blanc. L’été prochain flotteront aussi les pédalos, glisseront les planches à voile et souffleront les pagayeurs ; chaque soir l’une des barques, à moitié immergée, tiendra le rôle du contre-ut dans le grand final du crépuscule, mais nous n’en sommes pas là. Pour le moment c’est le début du printemps, c’est la fin de l’heure du thé, le ciel s’est dégagé. Fil-de-fériste sur la ligne d’horizon brisée, le soleil se déverse par seaux de vermillon dans l’eau glacée du lac artificiel.