Les hauts murs forcent à lever les yeux. L’absence de couverture découpe un large rectangle de ciel où trempe comme un pinceau la pointe fine d’un cyprès. Peu de bleu qui inviterait à une échappée verticale, ou par flaques, comme des trous d’eau entre la masse des nuages qui roulent à gros bouillons depuis l’Atlantique, ou s’effilochent, mal cardés, ou moutonnent, petites pelotes cotonneuses qui annoncent les lendemains de pluie. Un bleu parcimonieux, pâle, à fresque. Un bleu pauvre face à l’éclatante richesse des gris, entre perle et cendre, chinchilla et suie, lavis mouvant qui superpose ses brumes. Si la tête vous tourne à suivre les nuées, baissez les yeux, ouvrez une huître, décortiquez une moule : toutes les nuances des ciels de l’Atlantique sont répertoriées dans la nacre de ses coquillages. L’été, ce pré de ciel au fond du jardin est envahi par des colonies de martinets et d’hirondelles qui font du toit de l’église leur résidence secondaire et occupent leurs vacances à décrire en vol de joueuses arabesques, grand corps souple ondulant à la manière des paramécies et alimentant de ses petits cris stridents la poignée de beaux jours.