La nuit ouvre au théâtre. Les chocs de l’ombre et de la lumière sont abrupts. La scène est immense et nous y sommes entrés, au bord de la route. Les immeubles qui la bordent ont leur histoire mais elle n’importe pas, ce ne sont que des pièces du décor, comme nous spectateurs, silhouettes à peine disséminées grâce auxquelles la légende pourra se lever, beaucoup plus tard. Les machines sont immenses, elles prennent possession de l’espace par la nuit. Les machines sont absurdes. La raison se combat par l’action insignifiante. La route est rabotée, débitée en pépites, projetée dans une benne. En lieu et place des encens et des graisses animales du sacrifice, le goudron. Les seuls hommes dans la lumière, colorés de surcroît, sont réduits à des images. La pièce s’interrompt ici même dans la célébration. Absence, vide, nuit, travail, nommez cela comme vous le souhaitez, mais en silence, je vous prie.