On le sait : il n’y a d’activité humaine, artistique ou non, encore moins littéraire, que de surface. Ainsi de milliards d’hommes appliqués par la plante des pieds sur l’immense pelouse de la terre et qui n’ont que faire du contenu ; ainsi des façades des maisons et des buildings qu’ils lui posent perpendiculairement dessus ; ainsi des draps qui sèchent ; ainsi de l’horizon qui est comme l’électrocardiogramme du mourant, l’horizontal narguant le vertical ; ainsi des toiles que peignent les peintres après s’être assurés qu’elles étaient bien tendues entre leurs cadres de bois ; ainsi, également des feuilles de papier, format international, sur lesquelles les écrivains s’acharnent toujours à déposer et à étaler leur encre ou à frapper du carbone ; ainsi de notre peau qui est le peu que nous connaissons de notre corps, même si un doigt ou une langue ou un sexe part, ici ou là, en exploration dans un trou de la partenaire…
Ainsi, donc, de la glace qu’on suce, l’absorbant de surface en surface, jusqu’à ce que cette surface ne soit plus qu’un point et que, dans cette fraction de seconde où cela se produit, il n’y ait plus rien.