Catégorie : Minutes de la multitude

Minutes de la multitude #31

Après des mois. La lumière est au plafond. La lumière là. Le verre usé. Le paysage en défilement. Il n’y a plus de visage.

Tu continues de chercher ; intransitivement.

Oscillation du chef incliné pour approbation entrant en rythme avec le mouvement du train.

Minutes de la multitude #30

Dans l’asseoir, il y a l’être épais, la fatigue béate, le poids qui se suffit à lui-même

Il y a de la lumière en trop. Se mêlent des branches jetées au verre rayé. La paix, ce sont les rails rouillés en faisceaux.

Tu pourrais glisser, t’endormir au début de l’après-midi. La ligne continuerait, sans limite. Fin heureuse.

Minutes de la multitude #29

Un même balancement des corps debout : l’harmonie est instant.

Des paysages aller par le regard aux visages, puis revenir. Entre l’abysse.

Un sac quelconque sur un dos, sa forme donnée entière, son existence rayonnant : soudain.

Minutes de la multitude #28

Soudain lisant, une sonnerie : celle du métro parisien. Trouble, vacillement. Je lève les yeux, pas d’accroc au réel.

Pourquoi pour une fois ne pas attendre après, une fois descendu du train, une arrivé en haut de l’escalier, un peu avant le hall, près des seaux alignés pour recueillir l’eau qui traverse le toit?

Le toit du train, comme son propre dos découvert, depuis le pont, presque immobile: couleur sombre aux abords du noir. Morale: il n’y a rien à voir.

Minutes de la multitude #27

Tu es paysage pour qui regarde passer le train

Par les couleurs, La plaine d’ordures est mosaïque un instant à l’œil, entre deux murs ternes de terre.

Ces quais légèrement différents les uns des autres, où tu ne descendras pas, ce. Est-ce que tu serais légèrement différent toi aussi?

Minutes de la multitude #26

Il n’y a plus de visages, les yeux sont baissés. Le paysage et le train font leur office.

Les vitres sales jusqu’au cœur, être ébloui, ce serait comme si survenait le mot oui.

Souvenirs d’imminences : la note unique régulière puis le silence, gouffre.

Minutes de la multitude #25

Tu es dans le tunnel, non dans le train. Le tunnel rappelle seulement l’enfermement.

Regards privés de visages. Rien que l’ennui, la fatigue.

La beauté me frôle comme j’écris. Elle descend du train pour monter dans celui qui est de l’autre côté du quai.

Minutes de la multitude #24

Yeux au-dessus du masque qui me fixent. Elle n’est que regard.

Il s’est levé. Il est debout contre la fenêtre à peine descendue, suffisamment pour son regard vers la prairie baignée par la lumière oblique d’un matin. Il s’immobilise.

La joie seulement dans mon regard, pas dans le monde. Est-ce que mon regard touche le monde?

Minutes de la multitude #23

A chaque extrémité de banquettes adjacentes assises, elles forment par leurs mots et leurs regards un carré, un table presque. Un angle est silencieux, abaissé, se résolvant en un chignon noir, haut – le plus proche de moi.

Je m’endors, le rêve qui défile à la lisière, la lumière de l’après-midi hachée traversant les paupières.

Le stylo tombe sur le sol : voyage.

Minutes de la multitude #22

Ne considèrer qu’une feuille de papier sur le plancher sale.

Roulis, bruits de de freinage et d’aiguillage, portes claquant. Seule change la saison et plusieurs fois en un seul trajet.

On entre dans le tunnel en train, on en sort à pied vomi par la gare où il aboutit.