Catégorie : Manifestes

Manifeste #2

Aux grands mots, préférer les nuages. Au lieu de parler, regarder les plis, les motifs. Mastiquer une phrase happée dans l’air ou dans une chanson, aimer les femmes que l’on n’aimera pas. Être une proie facile pour l’égarement immobile offert par la fatigue, la menace ou la promesse de la folie, l’ennui. Accueillir ce réveil porté par un regard net et lavé sur les choses inchangées : présence de l’univers en bloc. Éviter les récits édifiants : chutes de cheval, pleurs de joie de dix heures à minuit, vide sous le figuier, incendies sans retour. Vivre le sel du temps, seul encore dans les mots, comme est seul qui lit. Seul, seul presque.