Avec toi, j’aimais la géométrie. Soient : l’amour, la géométrie, toi, moi. En guise de table de poker, la lumière. C’est le temps qui donnait les cartes, la couleur absente comme des rêves. Il y avait une ville, dehors, mais seulement la chambre pour nous.
On retombe : le présent, sans feuille, sans mousse. Les visages sont des arcanes. Il n’y a que des lignes à jouer, se sachant perdus.
Catégorie : Dual
dual #25
dual #24
Rien ne s’accorde au rectangle. Seul, il restera ignoré par toutes les familles de courbes. La chambre est sans fond, sans couleur. Tout est centre pour l’attente et le regard. Il n’y aura pas d’étreinte tant que le temps sera là. Grain de la lumière et de la peau : nul horizon. Le doigt enjoint les lèvres de se serrer. Où serait la voix ?
dual #23
Tu pourrais être ligne, fleur, sœur au soleil de la mer. Tu es dedans, loin de la couleur. Ce n’est pas l’éventail mais la meurtrière. Ce qui ne manque pas ce sont les minutes : elles sont lourdes, elles lestent, elles sont sans fatigue. Toi seule pour dire leur forme. Tu te tends, tu t’avances, tu te déploies en trompant l’immobilité. Il n’y a point d’ornement : seul ton cœur.
dual #22
la feuille est blanche
invisible en souvenir
le sol n’a pas d’ombre
ton œil est en grâce
dual #21
Savoir être dans le lointain, le déjà. Le regard n’a plus à se soulever, à faire flèche, il s’abandonne à une paresse myope, il s’élargit. Les idées d’horizon et de mur sont inutiles, se perdent, et bien d’autres. L’imparfait s’est imposé, repoussant le récit. La pensée est étrangère, extérieure, brume. Le mot de voyage n’a pas été prononcé. Le tien est secret au silence.
dual #20
Photographie de Fanny Jacquet
Il aura fallu beaucoup de nuit pour arriver, s’astreindre à dire ici sans souci de murs, écarter le mot de secret et accueillir sans se redresser celui de trésor. Susciter est superflu, compter est dédié aux formes qui sont elles-mêmes nombre, la spirale est une idée qui pourrait presque suffire à dire tout l’espace, si ce n’était le rêve.
dual #19
Photographie de Nicolas Vermeulin
oui
tu es là
tu es plus ancien que le monde
que ce monde réduit
tu es
ce pas de plus
es-tu l’unique
étant donné
(ici une pause, son tiret)
où est le temps
percé
la couleur comme trésor
tu la tais
tout à l’ombre
dis-tu
ode en place
ce serait ton chiffre
si
le sang battant l’oreille
dual #18
Photographie de Paolo Pittori
ni heure ni ombre
l’image est à peine nue
(le noir aura victoire
draps en mer étale
paroles debout en murs)
instant sauvé du regard
hors de tout oubli
dual #17
la galet était roc
aux humeurs de l’eau
sera sable poussière
l’éclair nous regarde
nous ligne
dual #16
ton dieu
ne plie pas
l’horizon
est fosse
il agrée
des mots pauvres
absence
unie