Il monte. Je reconnais son maillot: forme, couleurs, écusson. C’est celui que je porte. C’est mon maillot mais je ne suis pas à l’intérieur. Un autre torse, une autre tête, des autres bras. Sa peau est noire, il est âgé, il porte une casquette, marche lentement en traversant la voiture vide. Échanger nos existences? Il ne fait que passer devant moi. Il descend du train.
Il est midi. Une journée dernière moi, une autre devant, séparées. Je suis seul dans la voiture. Le train continue d’avancer, de trembler, qu’il y ait ou non des voyageurs. Puis-je dire que la voiture est à moi? que j’en suis le maître?
Elle frotte la tranche de sa main sur la lame du ticket de transport. Son regard de promène lentement, comme à distance, de loin et porté dans le vague. Mes yeux reviennent sur la main qui passe et repasse sur le tranchant de la main