Il marche lentement dans les rues du soir. On ne l’attend pas, il n’attend plus ; il passe. Il habite le temps et cette guerre se lit sur son visage. Son regard a la transparence du gris s’anéantissant dans le ciel. Ses mains tremblent méticuleusement: leur peau est parcheminée ; on songe aux jeunes filles mais le sang est sous l’ongle. Les pointes de sa barbe sont en lutte. Il est sec, prêt à s’enflammer. Quelques coups d’œil cinglant au monde et il s’effondre en lui-même. Il plonge et ne bouge pas de sa chaise. Il retourne son briquet, s’absorbe dans la contemplation d’un verre posé sur une table, jusqu’à oublier qu’il s’agit d’un verre. Un fond de vin, un fond de verre, et beaucoup de vide. Il le jette au fond de la gorge et se lève d’un coup. Le plus grand équilibre est dans l’imperceptible tremblement. Le voyage continue.